L'action de la main définit le creux de l'espace et le plein des choses qui l'occupent. Surface, volume, densité, pesanteur ne sont pas des phénomènes optiques. C'est entre les doigts, c'est au creux des paumes que l'homme les connut d'abord. L'espace, il le mesure, non du regard, mais de sa main et de son pas.
H. Focillon, Vie des formes, 1943, p. 108
L'espace est le lieu de l'oeuvre d'art, mais il ne suffit pas de dire qu'elle y prend place, elle le traite selon ses besoins, elle le définit, et même elle le crée tel qu'il lui est nécessaire. L'espace où se meut la vie est une donnée à laquelle elle se soumet, l'espace de l'art est une matière plastique et changeante.
H. Focillon, Vie des formes, 1943, p. 26
Le flux d'énergie entre les différents concepts de l'espace que véhiculent l'oeuvre d'art et l'espace que nous, spectateur, nous occupons, est l'une des fondamentales, mais l'une des moins comprises, du modernisme. L'espace moderniste redéfinit le statut de l'observateur, replâtre l'image qu'il a de lui-même. Il se pourrait que ce soit la conception moderniste de l'espace, et non son contenu, que le public perçoive – à juste tite – comme une menace.
B. O'Doherty, White Cube (...), 2010, p.64
Que dit l'art du monde où nous vivons, et en dit-il quelque chose? Ou bien cherche-t-il d'autres espaces, pluriels, composites? À moins qu'il ne s'offre lui-même comme alternative habitable. S'agirait-il de faire la description de ces mondes autres? De dessiner les contours d'autres formes d'évidences? Si nous sommes avec l'art dans l'espace de la fiction, cet espace recouvre-t-il l'étendue du monde sensible, comme sa traduction décalée, ou découvre-t-il ce qui n'est pas, mais pourrait être? En ce cas, quelle correspondance existe-t-il entre le caché, le voilé, le possible d'une part et l'évident, le réel, le visible d'autre part?
A. Cauquelin, À l'angle des mondes possibles, 2010, p.14
(In situ) Il semble que l'artiste s'attache à modifier un espace donné et ses valeurs de perception et d'échelle au simple niveau des sensations physiques et visuelles. Mais très vite, un seuil, immatériel, est franchi par ces structures praticables mais aussi déraisonnables et poétiques, dont l'incongruité incite à la circulation et, concurremment, pousse notre esprit vers un imaginaire, spatiale et instable à la fois.
N. Descendre, Trous Noirs et entropie dans Fabricateurs d'espaces, 2010, p.28
Tout outil ou dispositif de mesure spatiale mettant en question une forme de trouble de la perception crée un cabinet d'expérience cosmique (symétrique à celle des cabinets de curiosités) et agit comme un accélérateur de compréhension de ce qui nous échappe magistralement dans le monde qui est le nôtre, coincé entre le microscopique et le macroscopique.
N. Descendre, Trous Noirs et entropie dans Fabricateurs d'espaces, 2010, p.29
(À propos du travail de Hans Schabus) L'oeuvre correspond le plus souvent à la conquête d'un territoire, qui peut être le lieu d'exposition, l'atelier, la maison ou le monde : il incarne une figure d'envahisseur dont le royaume est partout. Cependant, l'atelier reste pour lui le modèle de l'activité artistique : « l'atelier est le royaume de l'expérience où le royaume de la réalité est transformé en royaume du possible ».
Anne Bonnin, La conquête du cube blanc dans Fabricateurs d'espaces, 2010, p.37
Aucun commentaire:
Publier un commentaire