25 août 2013

Des procédés à l'oeuvre : les étapes de fabrication des modules imprimés

Depuis plusieurs années, j'ai l'intuition que l'utilisation du procédé de sérigraphie (pochoir photomécanique) à une influence sur ma manière d'envisager la création. Mes oeuvres s'élaborent en relation avec des procédés mécaniques (ex. : méthode d'impression industrielle) et artisanaux (ex. : manipulation et pliage). Mon processus de création se situe à mi-chemin entre un processus conceptuel (penser à l'idée et planifier l'oeuvre avant sa réalisation ex. : Art minimal) et un processus matériel exploratoire (travailler avec le matériau et les procédés techniques desquels émergent l'oeuvre ex. : Process Art). Ma méthode de travail se développe par différentes étapes de travail  : périodes d'exploration (afin de comprendre le matériau et les procédés), esquisses numériques et manuelles, expérimentations de mises en espace, travail de prépresse, impression, manipulation du matériau informé (papier imprimé). Dans le but de comprendre l'influence des procédés de production sur la création d'une oeuvre, je vais décortiquer les étapes de fabrication des modules pour un projet en cours.

Étape 1 : le prépresse
En arts d'impression, le travail de prépresse est une période où l'on prépare les matrices d'impression (plaques, clichés, etc.) et où on effectue des tests (couleurs et viscosité d'encre, variantes, bon à tirer, etc.). Les matrices peuvent être réalisées par des procédés manuels, numériques et mécaniques. Dans ma pratique installative, j'inclus également dans cette étape le travail préparatoire (explorations et planifications) qui permet de déterminer les motifs qui seront imprimés en fonction de la forme des modules choisis. Il arrive cependant que la forme des modules change en cours de route.

Matrices de photocopie

Tests de couleurs d'encre

Étape 2 : l'impression
L'impression est l'étape où j'informe mon matériau. Le motif imprimé permet de transformer l'apparence du papier tout en préservant ses propriétés (malléabilité, légèreté, etc.). Je peux ainsi créer des variantes de textures, de nuances et de tonalités que je ne pourrais pas retrouver avec d'autres matériaux. Dans mon travail, cette étape est la plus « picturale ». Elle fait ressurgir mes compétences de coloriste que j'ai développées au fil des années par une pratique picturale (peinture, dessin, impression).

Quoi que répétitive, l'impression est une étape importante de développement tant au niveau conceptuel que matériel. Durant l'impression, je visualise l'oeuvre et je modifie les couleurs d'encre et de papier en fonction de l'idée qui se développe dans ma tête.

Impression avec un bras articulé pour la réalisation de grand format.

Accumulation des papiers imprimés sur un séchoir.

Étape 3 : la coupe des papiers
La coupe des papiers est une étape très répétitive et peu créative. J'ai développé ce savoir-faire en réalisant des livres d'artiste et des éditions. Parfois, c'est une étape que je déteste (couper 1000 feuilles de papier en 12 000 morceaux, ça peut être décourageant). Parfois, c'est une étape que j'apprécie (j'aime voir les papiers bien coupés qui s'empilent les uns sur les autres). J'utilise plusieurs méthodes de coupe (exacto, tranche, ciseau, coupe papier) selon l'efficacité recherchée et le type de papier.

Dans ce cas, le papier est du cartouche de 18 x 24 pouces. Il est d'abord plié en deux.

Puis j'ébarbe les parties non imprimées.

La pile à droite est ébarbée ensuite elle sera coupé à la main avec un coupe papier.

Pour finir, les feuilles sont coupées avec la tranche en fonction de la dimension des modules à fabriquer.

Étape 5 : manipulation du papier
La dernière étape est la manipulation qui permet de former les modules. Cette étape est très répétitive et se rapproche des processus artisanaux comme le tricot. Ce travail s'échelonne habituellement sur plusieurs mois et demande beaucoup de résilience. Au début de chaque projet, le découragement l'emporte souvent. Cependant, au fur et à mesure que la fabrication avance, ce travail devient de plus en plus facile et fait partie de mon quotidien. Il y a beaucoup d’avantages à procéder ainsi : le travail peut se faire à n'importe quel moment de la journée, on peut travailler quelques minutes ou des heures, on peut se faire interrompre à n'importe quel moment (très pratique avec un enfant), on peut faire autre chose en même temps (écouter de la musique, des films, etc.). 

Les manipulations sont différentes d'un projet à l'autre (plier, froisser, brocher, coller, etc.) et peuvent parfois varier en cours de processus. Même dans la répétition des mêmes gestes, les modules varient les uns en rapport aux autres. Cette légère variation de forme (due au mouvement de la main), de textures et de couleurs (due à l'impression), produit une esthétique particulière lors de l'installation (rencontre des procédés bidimensionnels et tridimensionnels).

Dans ce cas, les bords des feuilles sont pliés puis les feuilles sont roulées et froissées pour former des tiges.

Elles sont ensuite brochées pour former un rond.

Les modules seront ensuite emballés jusqu'à l'exposition où ils seront assemblés. Les modules pourront être réutilisés tant qu'ils seront en bon état et pourront subir différentes reconfigurations.

Petit atelier et grosse production.


La production va bon train. Plusieurs projets s'enclenchent en simultanés : la reconfiguration des oeuvres La débâcle et Paper Fictions pour ma prochaine exposition à Val-David en septembre, la production d'une nouvelle oeuvre sculpturale pour l'exposition La systémique des formes qui sera présentée à la Bibliothèque du boisé à ville Saint-Laurent en décembre ainsi que l'impression et la fabrication des modules pour mes projets de création au doctorat. Mon petit atelier est présentement très surchargé (de même que ma tête, mon entrepôt et petit coin à l'UQAM)!


Fabrication de modules tiges. J'en ferai plusieurs milliers d'ici l'été prochain!

Motif d'une pile de récemment imprimées.

Matrices peintes à l'encre de chine pour prochaines impressions.

Test d'accrochage solitaire pour la reconfiguration de Paper Fictions.

 Sacs de volumes bisymétriques pour une nouvelle oeuvre sculpturale.

21 août 2013

Fragments bisymétriques : esquisses de dispositif

Plateforme asymétrique

Plateforme surélevée

 Plateforme carrée

Esquisse de mise en espace de l'exposition La systémique des formes.