L’œuvre n’est pas seulement in situ mais hors d’elle-même, cessant pratiquement d’exister comme entité autonome et devenant inséparable de son cadre.
Itzhak Golberg, Installations, 2014, p.16
Avec l’installation, la scénographie, le choix du site – parfois à l’écart du circuit artistique -, les rapports internes entre les éléments, l’arrangement des pièces ou des objets, la position du spectateur comme corps percevant – présent à l’œuvre et mis en situation avec elle -, sont des composants actifs et indispensables de cette manifestation, conçue comme un tout, souvent inséparable de son lieu. Cet espace spécifique n’est plus un vide neutre et discret mais un nouveau contexte d’intervention, défini par une construction architecturale investie et parfois restructurée par l’œuvre. Réalité physique, l’espace va être intégré à l’œuvre et directement façonné par l’artiste, qui le redessine ou qui opère sur lui des transformations déterminantes.
Itzhak Golberg, Installations, 2014, p.31
Avec l’installation, œuvre souvent fragmentée, cette interaction avec le lieu est volontaire et recherchée, car elle prend en compte non seulement les composantes, mais aussi les distances, les écarts qui les séparent, les intervalles qui se transforment en interstices sensitifs, bref l’ensemble des rapports spatiaux. Elle privilégie la relation : relation entre l’acte artistique et l’espace de représentation, entre l’artiste et les acteurs de l’exposition, entre les arts visuels et les arts de la scène, entre l’exposition et sa réception, entre l’art et la vie. L’installation n’est pas un objet autonome mais un ensemble de rapports complexes entre l’objet d’art, l’artiste et le public. Utilisant en entier l’espace alloué, elle l’interroge, le déborde ou le transgresse.
Itzhak Golberg, Installations, 2014, p.33
L’installation est le cadre d’une représentation où le projet laisse la part à l’imprévisible.
Itzhak Golberg, Installations, 2014, p.55
Avec l’installation, l’espace est étudié non pour le délimiter mais pour le déborder. L’importance des modifications que doit subir l’espace fait parfois que la qualité esthétique spécifique des composants qui l’occupent devient secondaire, car ils sont là avant tout comme «outil visuel» (Buren) dont la fonction subtile est de révéler, par leur emplacement, les caractéristiques du lieu qu’ils investissent. Les structures de l’architecture occupée sont réactivées, pour ainsi dire remodelées. Les éléments prennent ainsi une fonction signalétique, déterminée par l’artiste.
Itzhak Golberg, Installations, 2014, p.76-77
Cependant, transformation réelle ou symbolique, dans un cas comme dans l’autre, le travail artistique tente d’investir l’espace d’un nouveau sens, le plus souvent en décalage avec celui qu’on lui connait. (…) L’espace fabriqué ici est un espace mental, chargé d’associations universelles, suggérant une dimension poétique à partir de laquelle le visiteur sera libre de construire sa propre fiction.
Itzhak Golberg, Installations, 2014, p.81
L’installation est une structure aux foyers visuels pluriels, continus ou discontinus, contradictoires et complémentaires, introduisant un espace élargi que l’œil est invité à balayer sans qu’on lui impose une hiérarchie déterminée. Cet espace fragmenté, parfois de nature tentaculaire, plus qu’un lieu de perception, est un trajet que le spectateur est censé expérimenter et dans lequel son corps peut occuper progressivement des positions diverses. Ce n’est qu’au terme d’une telle lecture que peut se dégager une synthèse de cette série d’impressions relativement autonomes, et une appréhension globale de l’œuvre. Appréhension qui procède par associations thématiques et par liens aléatoires, plutôt que selon des classifications traditionnelles du savoir, de la chronologie et de la hiérarchie. Ce qu’on retient et qu’on reconstruit imaginairement, c’est l’expérience où la trajectoire prime sur la forme.
Itzhak Golberg, Installations, 2014, p.120
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