Dessiner le paysage digital

esquisse numérique

Je dessine tous les jours. Le stylet est devenu mon crayon, l'ordinateur, ma feuille de papier; l'interface devient surface. Je commence par de gros traits en esquissant un mouvement, une forme, une ombre. J'accumule et archive les gestes qui font apparaître les images. Je décalque une réalité qui s'anime et se transforme.

Il ne se passe rien.

[Mes mains sont vides et j'ai des idées plein la tête.]

J'ouvre un livre, lis un peu, puis le referme. J'écris des notes illisibles dans mon cahier; je note des citations qui pourraient m'être utiles, des idées, des titres. Mon cahier se remplit de choses inutiles.

Je regarde la pile de livres à côté de mon ordinateur. Je lis les titres à mi-voix : La nature, L'émotion du paysage, L'homme microscopique, L'homme dans le paysage, Variations paysagères, Nature et subjectivité, De la nature, Chemin du regard, Symbolique et dynamique de l'espace, Perception et réalité, ... Je ne sais pas pourquoi les titres m'inspirent plus que les livres eux-mêmes.

Dans l'atelier, il ne se passe rien; un tas de papiers jaunes brochés est couché sur le tapis gris, des prototypes sont déposés sur une nappe noire, quelques papiers découpés trainent sur mon bureau, une pile de papiers photocopiés attend d'être coupée puis pliée, mais il ne se passe rien.

Paysage minéral

Voici quelques photographies réalisées lors de mon séjour dans Charlevoix.

Photos AADB 2009

Réflexion sur ma maitrise

Les vacances sont déjà terminées. Je recommence doucement à me mettre au travail, à réfléchir à ma maitrise. J'ai beaucoup de décisions à prendre et ça m'angoisse un peu... J'ai reçu des commentaires très différents (et même souvent contradictoires) lors de la dernière année. J'ai l'esprit un peu embrouillé. Je compte remettre de l'ordre dans tout ça. Je veux faire un calendrier de travail et un plan pour la rédaction de mon texte d'accompagnement ce mois-ci...

Je réfléchis aux différents enjeux de mon travail :

à la matérialité de l'image : tridimentionnalité, temporalité et narrativité

au processus de construction de l'oeuvre (geste et réseau de sens (allégorie, sémiose, métanarration)) ainsi qu'au processus cognitif (autant au niveau de la réception que de la création : imagination, mémoire.)

aux possibilités d’hybridation entre arts traditionnels et médiatiques
aux liens entre surface et interface
aux paradoxes entre mouvement/permanance, immobilité/changement

Je désire entrer dans le paysage pour créer un réseau de sens par des assemblages, des emboîtement, des superpositions; entrer dans la fibre du paysage, dans sa nature profonde, dans sa temporalité du microcosme au macrocosme; entrer dans l'interface des objets qui le compose. Ma pensée est en mouvement et elle prend forme à partir de fragments de mémoire et de matière.